Compensation carbone

Pour atteindre les 2 tonnes de carbone par personne, seuil d'habitabilité de la planète, il peut être tentant de compenser le carbon émis en achetant des crédits carbone. 

La compensation carbone consiste à financer des projets de

  • capture de gaz à effet de serre : plantation d'arbres, ensemencement d'algues, capture dans l'air avec stockage géologique...
  • d'évitement d'émissions : préservation de forêt en danger (sous l'acronyme anglais REDD), énergies renouvelables, fourniture de brûleurs performants aux familles dans le besoin... 
  • ou même de conversion de gaz : brûler le méthane des décharges pour en faire du CO2 à moindre potentiel de réchauffement. 

Et d'utiliser les tonnes de CO2 ainsi evitées en tant qu'"émissions négatives" dans son bilan carbone.

Critères

On considère qu'un projet de compensation carbone doit réponde à quatre critères pour avoir un impact positif :

  • mesurabilité
  • vérifiabilité
  • permanence (le carbone doit encore stocké/évité pendant un temps très long)
  • additionalité (le projet n'aurait pas eu lieu sans ce financement)

Labels

Il existe des labels qui permettent de certifier les projets de compensation, en vérifiant ces 4 critères. Les trois principaux sont :

Doutes

Malgré ces certifications, les doutes s'accumulent sur l'efficacité en terme de capture de carbone de la plupart des projets :

  • Selon une étude de 2017, seuls 2% des projets MDP (représentants 7% des volumes étudiés) respectent les 4 critères ci-dessus. 
  • L'ONG CarbonPlan a analysé les projets de compensation carbone se basant sur la gestion de la forêt californienne, et montre que les mesures sont sur-evaluées de 30%. Ils ont superposé les cartes de ces projets avec celle des incendies fréquents dans la région et confirmés que des projets étaient partis en fumée. Autant pour la permanence...
  • En 2023, plusieurs études, relayées par le Guardian, scrutent les projets de préservation de forêt en danger certifiés par VCS. Les projets surestiment systématiquement le risque de voir cette parcelle disparaître sans préservation. Les études concluent que 90% des crédits carbone vendus sont sans valeur.
  • Pour les anglophones, l'humoriste John Oliver a une vidéo percutante qui montre des exemples farfelus de compensation carbone


Climeworks

CarbonPlan a évalué 219 projets de compensation carbone sur différents critères. Un seul obtient la note maximale, il s'agit du projet Orca par Climeworks, société basée à Zürich.


L'usine Orca en Islande (climeworks.com)


Climeworks dans la base Carbon Dioxide Removal de CarbonPlan


Ce projet en Islande combine capture du CO2 directement dans l'air avec minéralisation du CO2 en profondeur, pour le transformer en carbonate, en clair, du caillou. 


Du CO2 capturé pour longtemps (Sigrg, CC BY-SA 4.0)


L'Islande est la localisation idéale pour ce projet. Le procédé est énergivore, même si Climeworks ne communique pas le chiffre, puisqu'il faut chauffer les filtres à CO2, et l'Islande possède d'importantes ressources géothermiques. Il demande beaucoup d'eau (20 tonnes par tonne CO2 d'après Wikipedia) qui ne manque pas en Islande. Enfin son sous-sol est propice à la minéralisation.

Il s'agit d'une usine pilote, qui stocke 4000 tonnes de CO2 par an. Soit la production de 400 français...  Ils ont pour projet de créer des usines de plus en plus grandes, mais on peut tout de même douter de la capacité de mise à l'échelle pour peser suffisamment dans les émissions mondiales (55 milliards de tonnes CO2e). 

En d'autre termes, la compensation n'a de sens que lorsqu'elle est couplée avec une baisse drastique des émissions, pour couvrir les usages non réductibles (nourriture, logement, mobilité contrainte...), et non les superflus. 

Souscrire

Concrètement, voici quelques opérateurs qui proposent de la compensation, avec le prix à la tonne et les certifications disponibles :




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